L'attention du conteur.
Il s'agit de porter l'attention du conteur sur ses appuis organiques en lien avec l'histoire en cours: respiration, amplitude vocal, regard, mouvement, imprévisibilité du silence.
Un état « d'entransement » , une autre forme d'attention, comme une prise de conscience dans le rêve, pour laisser apparaître la vivacité des images et découvrir une arène plus vaste autour de soi.
Mettre à l'œuvre ce que Michel Hindenoch nomme « être dans la lune » : une attention qui se travaille de façon paradoxale, entre autorité et abandon.
Une attention tantôt resserrée, décalée ou de biais où l'on devient chasseur. Un entrainement singulier qui laisse de côté la morale, le raisonnable, l'analyse, les pensées pour laisser apparaitre le mythe et le vivre comme un vrai rêve, une réalité.
Un entrainement qui demande à l'apprenti d'être comme un enfant lucide, audacieux qui traque la symbolique comme une expérience en direct.
La narration
« Que se passe t il quand je raconte ? » sans cesse tester tel geste, telle voix, tel ressenti.
Apprendre à être disponible pour sentir à quel point la vie afflue dans l'action en cours.
Toucher à la magie du abracadabra: nommer, énumérer, faire apparaître en parlant.
Dans les contes et les mythes, le récit se répète plusieurs fois, ce rituel rends le conteur fluide et joyeux s'il s'y engage totalement.
Nouveaux espaces, nouveaux équilibres, le conteur travaille ses limites, explore l'inconnu.
S'entrainer à des « ne-pas-faire » pour rester vifs, précis et détendus sans aucun effort.
Un travail du mouvement qui connecte le conteur à la perception plutôt que l'interprétation.
Avec bienvieillance, il ira vers le trouble plutôt que le malaise, la merveille plutôt que la crainte.
Certains même iront vers le subversif, dans le sens littérale, explorer les trésors souterrains contenus dans les histoires : les sub-versions.
La voix
A travers des postures en jeu et des séquences d'improvisations spontanées, le conteur cherchera des ouvertures vocales, aux origines du langage, une voix qui ré apprend à se mettre en accord avec l'articulation fonctionnelle spontanée, la prononciation et sa propre personnalité.
Une voix qui transgresse les interdits, joue de la dissonance mais reste pourtant liée au bourdon, comme dans la musique modale, parce que la tradition c'est de l'avant garde.